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5) Interaction plasma paroi  et extraction des particules et de la chaleur  (p  1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7 )

Que se passe-t-il lorsque le plasma vient interagir avec la paroi ? Revoyons la scène, cette fois du point de vue de la paroi.

 

f) Et la paroi dans tout ça ?

Que se passe-t-il lorsque le plasma vient interagir avec une paroi solide ? Prenons le cas où  la paroi est en carbone, matériau très courant dans les tokamaks en raison de sa résistance aux chocs thermiques, et la particule incidente un ion deutérium D+. De nombreux phénomènes peuvent se produire ...

Tout d'abord, la particule chargée incidente peut être simplement réfléchie sous forme de particule neutre (atome D ou molécule D2 en cas de recombinaison) et repartir vers le plasma, où elle sera à nouveau ionisée. C'est le recyclage.

Ensuite, la particule peut être absorbée par la paroi, car le carbone est une véritable éponge à hydrogène. Cela se produit jusqu'à saturation du carbone en hydrogène, tout comme l'éponge ne peut absorber qu'une certaine quantité d'eau. Sous certaines conditions (surchauffe par exemple), la paroi peut également relâcher les particules qu'elle a piégées, comme l'éponge qu'on presse.  Les particules incidentes peuvent également par leur impact dégager des particules piégées (désorption). Cela complique donc le contrôle de la densité du plasma, qui peut être fortement influencée par l'état de saturation de la paroi, énorme réservoir de particules à la durée de remplissage très longue. Cela a été clairement vu sur Tore Supra, en particulier dans le programme décharges longues, où la densité du plasma a tendance à monter en fin de choc, sans doute en raison d'un dégazage de la paroi lointaine, qui n'est pas sollicitée dans les chocs à durée plus courte mais chauffe au fil du temps. La solution : un refroidissement de tous les composants de la paroi, même ceux situés loin du plasma. C'est ce qui a été fait sur Tore Supra dans le cadre du projet CIEL.

Conditionnement dans les tokamaks

En outre, on développe des techniques de conditionnement retour de la chambre à vide, pour pouvoir mieux maîtriser l'état de la paroi. Une première procédure consiste à recouvrir les parois avec un très fin film protecteur aux propriétés intéressantes. Dans Tore Supra, on réalise ainsi périodiquement (environ 1 fois par mois) une boronisation (film de carbure de bore), qui a en outre l'avantage d'être un piège à oxygène, ce qui améliore la pureté du plasma.  Entre deux boronisations, on peut également désaturer la paroi à l'aide décharges luminescentes (c'est à dire qu'on réalise un plasma d'hélium très peu puissant sans le champ magnétique de confinement, qui vient lessiver les parois et en sortir le deutérium piégé par impact des particules d'hélium sur la paroi) effectuées pendant la nuit pour préparer le programme expérimental de la journée suivante. Enfin,  en cours de journée expérimentale, on a mis au point des décharges de nettoyage permettant de récupérer une partie des particules piégées et de fonctionner avec une paroi plus ou moins désaturée, même après de nombreux chocs ou une disruption.

Outre le contrôle de la densité du plasma, une autre question qui se pose est la rétention d'hydrogène dans la paroi, qui devient problématique lorsque dans la prochaine étape, on utilisera comme combustible le tritium radioactif. A partir des résultats des tokamaks JET Site du JET et TFTR, seules machines à avoir utilisé du tritium à l'heure actuelle, on développe des scénarios permettant de minimiser la rétention par la paroi, ainsi que des techniques de conditionnement pour récupérer le tritium piégé.

Enfin, les particules incidentes peuvent arracher des atomes de carbone à la paroi : c'est ce qu'on appelle l'érosion. Une partie de ces atomes d'impuretés peuvent ensuite par une cascade de phénomènes de physique atomique parvenir jusqu'au centre de la décharge et venir dégrader les performances du plasma central en rayonnant une partie de la puissance couplée au plasma. Après des phénomènes de transport complexes, le carbone érodé est éventuellement redéposé sur les parois de la machine, certaines fois bien loin de l'endroit d'où il a été arraché. Mais cette redéposition n'est pas suffisante pour empêcher une lente érosion des composants face au plasma, en particulier aux endroits où se concentre le flux de particules incident : c'est une des préoccupations majeures pour les machines de prochaine génération, où l'on doit assurer aux composants une durée de vie suffisante pour ne pas être obligé de les changer trop fréquemment. De nombreuses études sont menées, tant du point de vue de la paroi (matériaux dopés pour mieux résister à l'érosion, utilisation du tungstène ou du beryllium à la place du carbone) que du plasma (atténuation du flux incident dans les scénarios rayonnants).

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