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Le tritium
Caractéristiques
Principales
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Hydrogène
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Deutérium
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tritium
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Symbole |
H |
D |
T |
Découverte |
alchimiste |
RT Bridge (1931) |
Rutherford (1934) |
Abondance |
H=90% des atomes et 75% de la masse |
1 D pour 6000 H dans l'eau soit 30mg/l |
1T pour 1017 H donc,
il faut le fabriquer (n+Li-->He+T) |
Propriétés |
Atome le plus léger |
Capture les neutrons 1000 fois moins que H |
Radioactif : T-->3He+e- (5.7
kev) période=12.3 ans
période biologique =10j |
Usage |
Combustibles
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Réacteur à eau lourde (modérateur) |
Bombe H
Peintures:héliports
Biologie:marqueurs
Divers : datation des vins, suivi des rivières... |
Le tritium est un hydrogène et à ce titre, il
en a les propriétés physico-chimiques. Il a, comme l'hydrogène, une
perméation importante à travers un grand nombre de matériaux puisque c'est un
atome petit par rapport aux mailles cristallines typiques des aciers par
exemple. Il a les
propriétés chimiques de l'hydrogène et pour l'essentiel réagit comme lui.
L'effet isotopique (masse 3 au lieu de 1) joue souvent assez peu.
Le tritium est radioactif. Il se décompose par
émission béta (un électron) pour donner de l'hélium 3.L'énergie de l'électron
émis est en moyenne de 5,7 keV. Il s'agit donc d'un rayonnement peu pénétrant
puisqu'il est arrêté par 5 millimètres d'air ou par 5 µm d'eau. La
période radioactive est de 12,35 ans. Il en disparaît donc de 5,6 % par an. Au
bout de 125 ans, il en reste moins d'un millième (un millionième au bout
de 250 ans).
Le
tritium est un radioisotope qui a été utilisé de façon très importante,
dès le début, dans la recherche en biologie moléculaire. Il a rendu possible,
en tant qu'hydrogène, le marquage de très nombreuses molécules dont l'ADN.
Origine
du tritium
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Origine
naturelle : Essentiellement
les deux réactions suivantes dans l'atmosphère
14N+n --> 34He+T
14N+n --> 3 C + T
Les
neutrons étant eux-mêmes produits par impact des rayons cosmiques sur
l'atmosphère. II y a aussi en quantité bien plus faible une origine
tellurique. Des corps radioactifs comme l'Uranium et le Thorium produisent
des neutrons qui bombardent les traces de 6Li présentes dans les
roches naturelles. Globalement, tous ces phénomènes produisent 0,2 kg de tritium
par an. L'inventaire
naturel est de 3 à 4 kg dans toute l'atmosphère.
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Sources
liées à l'activité humaine
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Fabrication et (dans le passé) essais des armes nucléaires. La fabrication
(réacteurs tritigènes) génère des rejets de l'ordre de 0,04 kg / an. Les
essais atmosphériques, quant à eux, ont rejeté 650 kg de T (2 kg par mégatonne de TNT)
essentiellement entre 1952 et 1963. Aujourd'hui, il reste moins de 100 kg de
ce tritium.
- Les réacteurs électrogènes : rejettent en tout 0,02 kg / an dans
l'atmosphère.
- On trouve des traces dans les déchets des établissements utilisant le tritium
comme traceur biologique.
Le
tritium
et
l'environnement
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Le tritium
se dissémine très facilement dans l'environnement car il se
substitue à l'atome d'hydrogène, lui-même omniprésent dans l'eau, la
matière organique, etc.Le tritium ne s'accumule pas dans tel ou tel
composant biologique. En particulier il n'y a pas de bioaccumulation dans
les diverses chaînes alimentaires.
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Le
devenir du tritium dépend de façon forte de la forme chimique qu'il prend.
On distingue les quatre formes suivantes :
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La
forme Hydrogène-tritium (HT)
Cette première forme n'est pas assimilée par les plantes et peu
assimilée par les animaux et l'homme. HT ne s'oxyde (donc ne devient
HTO) que très lentement dans l'air (durée de vie supérieure à 10
ans). Par contre HT est oxydé très rapidement et presque complètement
par les bactéries de l'interface sol-atmosphère. HT n'est oxydé que
faiblement par les bactéries des voies respiratoires humaines.
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L'eau
tritiée (le tritium s'est substitué à un ou deux hydrogènes de
l'eau)
L'eau tritiée s'assimile rapidement et complètement. Elle se
dissémine dans l'ensemble du corps vivant (eau cellulaire ...). C'est
elle qui dans tous les cas est responsable d'au moins 80 % des doses
reçues en cas d'expositions diverses. Les voies de contaminations sont
évidemment l'inhalation, l'ingestion et la diffusion à travers la
peau.
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Le tritium
organique en position " échangeable "
C'est le tritium présent dans les molécules organiques où il s'est
substitué à l'hydrogène dans les radicaux typiques (-OH, -SH, =
NH, ...).Le
tritium organique en position échangeable se met en fait en équilibre
avec le tritium contenu dans l'eau cellulaire et subit les mêmes évolutions.
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Le tritium
organique en position " non échangeable ". C'est le tritium directement lié au carbone: T C. Le
tritium organique en position non échangeable par définition reste plus
durablement présent que HTO. C'est lui qui " marque "
l'environnement de façon durable. En situation typique de contamination
97 % du tritium s'élimine en quelques jours et uniquement 2 à 3 % s'éliminent
avec des demi-vies biologiques pouvant atteindre quelques centaines de
jours. Le rôle joué par cette fraction reste faible (du point de vue
de la radioprotection).
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L'ensemble
des phénomènes qui viennent d'être évoqués (dispersion physique dans
l'air ou l'eau, transformation biochimique -oxydation etc - , élimination
progressive) à fait l'objet de modélisations très soignées et bien
validées expérimentalement.
Le
tritium
et l'homme
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Les
risques :
En tant qu'hydrogène le tritium ne présente pas de toxicité chimique (au contraire
de l'uranium par exemple). On est donc en présence d'une radiotoxicité
due à son émission bêta.. La faible énergie du rayon bêta entraîne
qu'il n'y a pas de contamination externe. La contamination si elle existe
est toujours interne et les voies d'absorption sont l'inhalation, l'ingestion,
la diffusion cutanée. Les risques liés au tritium gazeux sont plus de 10
000
fois plus faibles que ceux liés au tritium sous la forme d'eau tritiée. En
cas d'émission d'un mélange HT et HTO (c'est pratiquement toujours le cas)
la contamination sera directe par HTO. En revanche, pour HT, le mécanisme
sera d'abord une oxydation par les bactéries de l'interface sol-atmosphère
puis une réémission d'eau tritiée dans l'atmosphère.
Quantitativement on peut dire: (H. METIVIER Le tritium IPSN). " La dose
efficace par unité d'incorporation, pour le tritium, est néanmoins l'une
des plus faibles de tous les radionucléides ". Rappelons que "
plus faible " veut dire ici dans un rapport de plusieurs ordres de
grandeur. Le rapport de la limite
dérivée de concentration dans l'air (LDCA) est
de 10 millions entre tritium et plutonium.
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Les
remèdes
Le tritium apparait dans le corps humain essentiellement sous
forme d'eau tritiée. Il disparaît naturellement avec une période de
l'ordre de 10 jours. Les très faibles quantités de tritium organiquement
lié disparaissent elle avec des périodes plus longues et la CIPR
(Commission Internationale de Protection Radiologique) recommande de
considérer une période de 40 jours. On peut accélérer le remplacement de
l'eau afin d'éliminer plus rapidement le tritium. Ceci se fait par les
trois moyens suivants :
- Incorporation
massive d'eau
- Administration de diurétiques
- Éventuellement dialyse péritonéale qui réduit
le temps de séjour de T d'un facteur 2 où 3.
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La
prévention
Les protections suivent évidemment les règles classiques de
sûreté relatives aux installations manipulant des produits radioactifs. En
plus de ces règles viennent des considérations particulières au tritium. Les
systèmes sont des systèmes multi-barrières avec un choix convenable de
matériaux limitant au minimum les effets de perméation. Le tritium étant
un gaz léger la ventilation des locaux (toujours en dépression) se fait de
bas en haut entrant contrairement aux laboratoires où sont manipulés des
transuraniens. Deux autres précautions sont prises du fait des propriétés
du tritium. On cherche à limiter au minimum le contact avec l'oxygène par
divers moyens d'inertage et on s'applique à piéger l'eau tritiée par une
circulation permanente sur des tamis moléculaires.
Le
tritium
et la
Fusion
La Fusion a consenti un effort tout à fait
considérable sur tous les aspects de l'utilisation du tritium depuis sa
production jusqu'au devenir des déchets. Depuis près
de 20 ans et dans un cadre international très ouvert, on a examiné les
conditions d'une production du tritium par des voies différentes de celles
aujourd'hui utilisées pour la fabrication des armes. Les bases d'une
génération sûre et adaptée à l'environnement Fusion sont aujourd'hui
connues (en savoir plus : les couvertures
tritigènes).
Plusieurs installations ont été construites de
par le monde pour étudier tous les aspects du "procédé tritium",
c'est à dire les aspects indépendants du plasma de fusion. On retiendra en
particulier le tritium Systems Test Assembly (TSTA) du Los Alamos
National Laboratory (LANL,
ou Division Fusion du
LANL,
), aux Etats-Unis, calibré aux conditions du réacteur (masse,
débit etc... ), TLK en Europe (Karlsruhe) et TPL au Japon qui dispose de plus
d'un appui par de petits laboratoires universitaires.
Deux grands Tokamaks ont fonctionné durablement avec du
tritium, il s'agit du JET
en Europe (premier decharge DT) et de TFTR aux Etats-Unis. Enfin un projet complet
d'installation performante a été développé dans le cadre ITER.
Tous ces travaux ont été évidemment
accompagnés d'études de sûreté. On retiendra en particulier l'effort
considérable qui a été consenti pour la compréhension des mécanismes
d'impact du tritium et pour leur modélisation. Des expérimentations
importantes - expérience tritium de 1988 en France en particulier - sont venues
soutenir et valider les modèles.
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