"Elle n’est pas encore une filière industrielle, mais de nombreux réacteurs expérimentaux sont en cours de test ou en construction. Elle recèle encore bien des difficultés théoriques, mais constitue depuis des décennies un fécond domaine de recherche. Où en est la fusion nucléaire ? Quand pourra-t-on compter sur « l’énergie des étoiles», soit la production d’énergie à partir de la fusion d’atomes légers ?"
Extrait de l'édito du magasine:
Elle n’est pas encore une filière industrielle, mais de nombreux réacteurs expérimentaux sont en cours de test ou en construction. Elle recèle encore bien des difficultés théoriques, mais constitue depuis des décennies un fécond domaine de recherche. Où en est la fusion nucléaire ? Quand pourra-t-on compter sur « l’énergie des étoiles », soit la production d’énergie à partir de la fusion d’atomes légers ?
À en juger par les annonces des entreprises privées qui se sont engagées, ces dernières années, dans la construction de réacteurs expérimentaux, il ne manquerait plus qu’une dizaine d’années pour atteindre la maturité industrielle. Ces entreprises, bien sûr, ont intérêt à convaincre de l’imminence du succès, leurs investissements se comptant en centaines de millions de dollars.
Les organisations publiques, nationales et internationales, sont plus prudentes. Elles ont posé les fondations théoriques et technologiques de cette quête ambitieuse. Elles savent la complexité du domaine, la multitude des aléas. L’Autorité de sûreté nucléaire française a ainsi suspendu, le 25 janvier, l’assemblage de la chambre à vide du projet de réacteur expérimental international Iter, exigeant des précisions sur la protection radiologique des équipes, l’architecture de soutien de l’édifice et certaines soudures non conformes.
Il reste encore bien des progrès à faire. La physique des matériaux et celle des plasmas y joueront un rôle essentiel. Mais, ces dernières années, les records – de température atteinte, d’énergie extraite, de durée de fonctionnement – se sont multipliés. Et comme l’observe dans ce numéro Alain Bécoulet, directeur de l’ingénierie d’Iter, les deux catégories d’acteurs de la fusion nucléaire, pionniers publics et nouveaux venus portés par des entreprises privées, se font indéniablement progresser l’une et l’autre. Le développement de la fusion nucléaire se présente aujourd’hui comme une constellation, formée d’une étoile massive – Iter – qu’entourent une myriade de projets de conception et d’envergure variées. L’énergie des étoiles n’est pas encore domestiquée. Mais cette constellation brille suffisamment désormais pour qu’on y prête sérieusement attention.